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Depuis septembre, la Commission scolaire des Patriotes offre à ses enseignants du primaire et au personnel des services de garde une formation leur permettant de détecter les élèves suicidaires.

«Ce n’est pas en réaction à une problématique importante dans nos écoles. Il n’y a pas plus de détresse psychologique ici qu’ailleurs, précise André Émond, coordonnateur aux services éducatifs complémentaires. Nous avons eu vent d’une expérience qui avait été réalisée aux Îles-de-la-Madeleine et en Gaspésie. Comme il y avait une préoccupation et une demande, on a décidé d’offrir une formation de deux heures. On est très proactifs, on veut faire de la prévention.»

Au Québec, de 1995 à 2001, 23 enfants âgés de 8 à 12 ans sont décédés par suicide, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux. «Des enfants qui expriment des signes de détresse psychologique et des idées suicidaires ne sont plus des cas isolés dans les écoles primaires du Québec. Malheureusement, des intervenants et des enseignants soulignent de plus en plus la présence de manifestations suicidaires chez des élèves dans les écoles primaires […] Le problème du suicide chez les enfants d’âge scolaire primaire demeure tout de même peu fréquent au Québec», indique-t-on dans le guide préparé par l’Agence de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.

M. Émond, qui a œuvré comme psychologue dans les écoles pendant 25 ans avant de devenir coordonnateur, n’est toutefois pas convaincu que la détresse psychologique est réellement plus présente qu’avant chez les enfants. «Il y a une perception qu’il y a plus de détresse, mais je ne serais pas prêt à avancer que c’est réellement le cas, je n’ai pas de chiffres en ce sens. Ce qui est certain, c’est que nous avons plus de moyens pour détecter la détresse et qu’on s’en préoccupe davantage», nuance-t-il.

Il ajoute toutefois que l’idéation suicidaire n’est pas si rare chez les enfants. «Souvent, les jeunes ne réalisent pas ce qu’ils pensent. Ils se font une fausse conception de la mort. On pense que dès six ans, cette notion commence à s’installer, mais qu’elle n’a pas un caractère définitif comme à 10 ou 12 ans. C’est un peu comme le coyote des dessins animés qui tombe de la falaise, mais qui ne meurt jamais ou les jeux vidéo où l’on a plusieurs vies», illustre M. Émond.

Prévenir sans s’alarmer pour rien
«Des études cliniques portant sur des enfants qui ont tenté de se tuer montrent que, dans la plupart des situations, les enfants ont au préalable verbalisé leur intention suicidaire. Dans ce contexte, il est important de prendre au sérieux toute verbalisation de suicide chez un enfant», indique-t-on dans le guide.

Toutefois, la formation dispensée par des psychologues et des psychoéducateurs permet aussi au personnel de ne pas s’affoler à la moindre occasion. «On les forme pour relever les indices puis de référer les cas aux professionnels de l’école. Mais on fait aussi en sorte qu’ils ne s’alarment pas pour rien. Un enfant qui fait un dessin violent, par exemple, ça ne veut pas automatiquement signifier quelque chose de grave», indique M. Émond.

Il précise par ailleurs que le programme est conçu pour les adultes et ne s’adresse pas du tout aux jeunes. «On ne doit pas parler de suicide aux jeunes en groupe. Avant, il y avait beaucoup de programmes où l’on en parlait directement, mais on s’est rendu compte qu’il pouvait y avoir un effet pervers. Dans certains cas, ça pouvait amener les jeunes à penser à des choses auxquelles ils n’auraient pas réfléchi d’eux-mêmes. Si des jeunes en parlent, il faut alors discuter avec eux à l’écart.»

Réagir à la suite d’un suicide
Depuis déjà sept ans, la Commission scolaire des Patriotes a formé son personnel à réagir en situation de crise. «Ce peut être à la suite d’un suicide aussi bien qu’après une attaque comme celle qui est survenue au Collège Dawson, indique M. Émond. Il y a une équipe d’intervention pour chaque école ainsi qu’une équipe à la commission scolaire pour supporter et aider l’école touchée. Elle a déjà eu à intervenir dans certaines situations.»

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