Dans la classe de mesdames Sylvie et Nathalie, il n’y a pas de pupitres ni de grand tableau vert. En fait, cette classe a presque l’air d’une maison, avec sa table de cuisine, son réfrigérateur et son divan. Non, cette classe de l’école La Farandole à McMasterville n’est pas une classe ordinaire et les huit élèves de 8 à 12 ans qui s’y trouvent chaque jour ont aussi leur petit quelque chose de spécial. Dans ce local, c’est l’école qui s’adapte aux élèves, et non le contraire!
Depuis septembre, cette petite école de 170 élèves accueille cette toute nouvelle clientèle d’élèves présentant des troubles psychopathologiques. Le projet, qui était loin de faire l’unanimité au départ, donne aujourd’hui des résultats concluants.
L’enseignante Sylvie Morissette et la technicienne en éducation spécialisée Nathalie Bouchard s’occupent à temps plein de leurs huit élèves, tous des garçons. Ces derniers sont atteints de bipolarité, de troubles anxieux, de phobie scolaire, etc. Avant septembre, ces élèves étaient mélangés à des enfants présentant des troubles de comportement, des troubles envahissants du développement ou même qui faisaient l’école à la maison. Toutes des situations qui ne répondaient pas spécifiquement à leurs besoins.
Pour accomplir leur travail, Mmes Morrissette et Bouchard peuvent compter sur l’aide de la directrice, Diane Joly, ainsi que sur un groupe de professionnels qui s’assurent du bon déroulement de cette intégration, la première dans l’histoire de la Commission scolaire des Patriotes (CSP). « Le but de ce programme particulier est de créer les conditions idéales pour ne pas bloquer l’apprentissage », explique Louise-Hélène Lamy, personne-ressource au niveau régional pour élèves en difficulté de comportement ou avec un problème de santé mentale. L’apprentissage scolaire est fait individuellement, selon le niveau, et est agrémenté de diverses activités.
Ainsi, dans cette classe, les déjeuners se prennent en groupe et l’horaire de la journée s’adapte selon le comportement des élèves. « Nous travaillons dans le ici et le maintenant, explique Nathalie Bouchard. Si nous sentons les élèves plus fatigués, nous adaptons notre programme de la journée en conséquence. Nous devons toujours nous assurer d’avoir un contexte favorable pour travailler. »
Les deux enseignantes sont d’ailleurs continuellement en contact avec les parents par le biais d’un cahier de communications dans lequel tous échangent les éléments importants des moments passés en compagnie de l’enfant afin de mieux comprendre son comportement.
Quelques-uns des garçons ont même de petites cabanes qu’ils ont construites à l’aide d’objets qu’ils ont trouvés dans la classe. « Pour ces enfants, ces cabanes sont comme un cocon, explique Sylvie Morissette. Ils y vont lorsqu’ils ont besoin de se ressourcer, de retrouver confiance en eux. »
À quelques jours de la fin des classes, l’équipe de La Farandole peut qualifier cette intégration de réussie. Tous ont bien hâte d’accueillir et de poursuivre l’expérience avec le second groupe d’élèves de six à huit ans. Celui-ci viendra remplacer le service de répit qui permettait à des élèves présentant des troubles psychopathologiques et fréquentant d’autres écoles de quitter leur établissement d’attache pour prendre du recul. Quelques mois d’expérience ont permis de constater que la classe à temps complet convient davantage à ces enfants.